Câlins gratuits chez Lilouhane
« Made in USA. »
Le câlin est-il en passe d’être lui aussi « labellisé »? L’idée des « Free Hugs » vient des USA… mais le principe, lui, n’est-il pas aussi vieux que le monde et que nos gênes même?
Partout, partout, les « câlins gratuits » se répandent comme traînée de poudre…et nous interrogent, aussi, au passage : que sommes-nous devenus? Pourquoi est-ce a priori si difficile d’ouvrir nos bras à l’autre et de le serrer sur notre cœur?
J’ai longtemps été de ceux-là, et, à mesure que j’apprends à ouvrir les bras, et le cœur, je me rends compte, que les autres, en face, viennent spontanément… Ce jour, une amie, venue me rendre une table qu’elle m’avait emprunté, me tombe littéralement dans les bras…Et je réalise soudain que ce geste est entré dans ma vie sur la pointe des pieds, mais qu’il fait désormais partie de mon quotidien.
Ouvrir ses bras comme on respire…Pour y laisser entrer la joie et le partage. Parce que nous sommes aussi composés de quelques mètres carrés de peau, et d’un sens du toucher trop souvent délaissé…mais vital pour chacun de nous…prendre l’autre dans nos bras, enfant, ados, adulte, anciens, animaux…Accueillir la vie, comme on célèbre un moment de fête !
Quitter nos repères d’homme moderne, éloigné du vivant, enbitumé, abruti de distance et d’overdose technologique… Si près les uns des autres, mais si loin, pourtant, de l’essentiel… Juste reconnaître que notre pleine modernité passe aussi, peut-être, par ce besoin viscéral de contact, et de proximité douce avec l’autre.
Si d’aventure vous croisez dans la rue, l’un de ces fous tenant une pancarte « Free Hugs » ou « Câlins gratuits », laissez-vous tenter, par une embrassade, une accolade chaleureuse, simple et spontanée… Vous verrez, peut-être, tout ce qui grogne, résiste, lutte ou se débat dans votre élan… Juste un câlin pour éprouver tout ce qui n’est pas encore totalement fluide en soi…et sentir que, paradoxalement, ces trucs-là ne sont plus aussi élémentaires qu’ils le furent pour les bambins que nous avons tous et toutes été.
Et si vous n’en croisez pas, regardez autour de vous… le chat, votre enfant, votre conjoint, vos amis, vos voisins… ou toute personne ayant besoin d’être réconfortée… Ouvrez vos bras, et accueillez, et sentez combien la vie nous relie aussi, dans ces moments de don et d’accueil.
Je terminerai à l’italienne, parce qu’en français le terme n’existe pas, sans connotation amoureuse (l’accolade est presque hygiéniste, là où l’enlacement frôle les amours clandestines…) : un abbraccio a tutti,
Lilouhane
Mots amis d’insomnie
Des nuits. Morcelées. Oublieuses des heures.
Des nuits d’insomnie froides, qui se succèdent. Cascadantes et rieuses.
Des nuits d’opale, les yeux debout. Le corps résigné, qui se meut dans l’obscurité douce de la maison…
Écrire. Tirer quelques cartes de tarot. Juste pour essayer d’y voir clair. Dans cette nuit. Nuit d’encre.
Et dans le rai de lumière douce, la tisane chaude chevillée au corps, sourire.
Il n’y a rien à faire…le tarot a parlé.
De mes nuits morcelées, insolemment courtes et néanmoins reposantes, le corps n’a plus peur. Il s’en fout, le corps. Royalement !
De ces nuits je ferai l’élan double ligneux et trouble de mon âme.
Celle qui œuvre là, dans les méandres obscurs, c’est la grande prêtresse. Elle est le féminin tout nu, elle est la réceptivité inconditionnelle. Elle est écoute passive de l’univers et du monde étoilé qui tourne autour. Madame est inspiration, créativité. Et elle germe dans ma terre intérieure, poussant mes fondations à s’ouvrir en deux, et craquelant mon sol. Elle bouscule mon printemps déhanché et aguiche mes pâquerettes timides. Quelle audace ! Quelle impudeur ! Cette dame s’envoie en l’air, là, les bras tendus vers mon soleil, déchirant mon terreau et s’élevant vers le ciel…le 7ème peut-être…tout là-haut…
Mes nuits sont souriantes. Elles respirent l’odeur de l’humus au petit jour, et s’aiguisent des gouttes de rosées qui perlent dans l’aurore. Personne pour parler. A peine les chats, qui finissent pépères leur nuit.
Mes nuits deviennent atelier. Elles bâtissent et échafaudent, des constructions innocentes. Envie de semer, de jardiner, de créer, d’écrire, de faire du ménage, de voir des amis. Envie de laisser, enfin, exploser toute cette joie au-dehors. C’est indécent presque, ce sentiment. Mais ça tient réveillée mon petit bout d’âme, là, niché au cœur tendre de la Bourgogne.
Lilouhane-du-petit-jour, seconde nuit d’insomnie.
Au coeur de la nuit… écouter le corps
Au coeur de la nuit, traversée silencieuse et en paix.
Accepter, ce qui s’impose à soi comme une évidence… Le sommeil fuit…le corps est debout. Réveillé, malgré la nuit. Et le choix s’invite.
Calmement, je choisis de ne pas chercher au-delà, et de m’activer, là où le corps me porte. Ecrire, attraper mon pendule et poser quelques questions, surfer un peu sur le web… Laisser faire, cette nuit qui passe, silencieuse, sereine. Eveillée, j’accepte d’être là, dans la nuit endormie. Et de ne pas juger cet état.
Demain, j’offrirai au corps le repos compensateur dont il aura besoin. Je peux faire cela, et je sais qu’il n’y a rien à comprendre, c’est ainsi.
Des forces me travaillent au corps ces derniers temps. Des forces telluriques, qui poussent depuis les profondeurs de ma terre intérieure vers la surface, pour apporter le temps de la germination. Les graines semées sont à l’oeuvre, et le sol, vivant, s’active et devient productif. Je le sais, je le sens. Tout en moi indique qu’une force créatrice se réveille, un peu chaotique d’avoir beaucoup dormi, mais bien réelle. Et elle pousse, vers le haut, vers le dehors… Et c’est le corps tout entier qui sursaute devant cet élan de vitalité. La créativité se déploie en moi. Et m’appelle, à aller jardiner, à écrire, à créer de mes mains, à pratiquer enfin mon nouveau métier (je suis kinésiologue, installée depuis peu), à créer, inventer, explorer…
Le corps demande. Il se contorsionne pour laisser éclore cette drôle de fleur. Et la vie, implacable, trouve en ce moment son chemin vers la lumière, me laissant parfois exsangue, d’autre fois debout en pleine nuit…
Il en est ainsi. Il n’y a pas à lutter. Juste accueillir et laisser sourdre ce potentiel créatif qui toque à la porte. La cohorte des possibles qu’il amène est gigantesque. Et j’accueille tout cela avec joie et bonheur.
Lilouhane